Patrick Gaillard, le photographe qui murmure à l’oreille des cerfs

📸🦌🌲 Patrick Gaillard, le photographe qui murmure à l’oreille des cerfs

À la Bergerie Nationale, au cœur du Festiphoto de Rambouillet, les visiteurs se pressent devant les clichés de Patrick Gaillard. L’homme, discret mais passionné, laisse parler ses images. Mais quand on l’interroge, ses mots révèlent la même sensibilité que ses photographies.

« Cette passion me vient de mon papa, explique-t-il. Vers l’âge de huit ans déjà, je commençais à m’y intéresser. Et pour mes 18 ans, j’ai choisi un appareil photo plutôt que le permis de conduire. On peut dire que tout a démarré là. »

S’il lui est difficile de choisir un cliché parmi ses centaines de rencontres avec l’animal, Patrick Gaillard en garde pourtant un en mémoire.

« Cette année, une image se dégage. C’est le contraste d’un cerf illuminé par un rayon de soleil, alors que le côté droit est complètement plongé dans l’ombre. »

Derrière ces instants suspendus, il y a une routine exigeante :

« Réveil à 4h30. On se poste au moins une heure avant le lever du soleil. Et ensuite, on attend. Derrière l’appareil, il faut espérer que les cerfs sortent au bon moment. »

Équipé de son fidèle matériel Canon et de son 800 mm f/5.6, Patrick sait qu’il n’a « pas toujours la proximité nécessaire ». Ce qui l’oblige à privilégier la longue focale. Quant au post-traitement, il avoue sans détour : « Je préfère le rendu naturel. Mais pour une expo, on doit proposer de belles images. Alors je recadre parfois. Et le reste, c’est un ami qui le fait, parce que moi, en post-traitement, je suis une vraie quiche. »

Ce souci du naturel vaut aussi sur le terrain. « La première chose, c’est le vent. Je me positionne toujours face au vent pour ne pas être repéré. J’ai une petite burette avec du talc pour vérifier sa direction. Et après, il ne faut pas bouger. » Respecter l’animal est un leitmotiv. « On dérange toujours un peu, mais il faut que ce soit le minimum. »

Le photographe remarque néanmoins que les cerfs sont de plus en plus méfiants : « Il y a beaucoup de dérangements liés aux curieux, qui ne sont pas forcément des naturalistes. Malheureusement, leurs comportements perturbent les animaux. »

Et pourtant, ses images parviennent à établir un pont entre l’homme et la nature. « Ce qui compte, c’est que l’image plaise au visiteur. Derrière, il y a un échange, l’envie d’expliquer comment elle a été faite, dans quelles conditions. »

Parfois, la magie opère de manière inattendue. Patrick raconte cette scène captée au vol : « Je faisais mes réglages sur trois cerfs quand j’ai vu dans mon viseur un sanglier, puis un deuxième, puis un troisième, suivis de deux marcassins. Ils se sont placés pile au centre de l’image. J’ai déclenché. Cette photo est exposée aujourd’hui au Festiphoto. »

Le brame du cerf reste pour lui un moment à part : « On attend ça d’une année sur l’autre. Entendre le cerf bramer, c’est une ambiance unique : la brume, les faisceaux de lumière, le brouillard… »

Avec l’aide d’un ami photographe, il a sélectionné 15 images sur 175 pour l’exposition. L’une résume particulièrement son approche : « Une photo prise le 5 octobre 2024, à 8h38, que j’ai appelée Cerf Elaf. On y voit un cerf majestueux surgir du fond d’une vallée, immobile, à l’écoute. C’est l’image de la force. »

S’il travaille plutôt en solitaire, il transmet volontiers sa passion à ceux qui débutent : « Il faut d’abord respecter l’animal. C’est la base. » Son rêve photographique, désormais, serait de saisir « un cerf sous la pluie qui s’ébroue, entouré d’une nuée de gouttelettes »

Et de conclure, avec modestie : « Le plus important, c’est le respect, et que l’image plaise à ceux qui la découvrent. »

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Article de Virginie Allaghen pour Grand Sud-Ouest Parisien News

Crédit photo : Virginie Allaghen