Le diabolique docteur Petiot

Le diabolique docteur Petiot (1944)

Au même titre que celle de Landru – le Barbe-Bleue des temps modernes qui fera malheureusement quelques émules – l’affaire Petiot est des plus étonnantes. Elle se déroule à Paris, durant l’Occupation allemande. Son auteur sera jugé en 1946, pour pas moins de vingt sept assassinats officiellement recensés !

Au feu, les pompiers…

Nous sommes le 11 mars 1944, Paris sera libéré six mois plus tard. En attendant, le pavé de la capitale résonne lugubrement sous les clous de la botte allemande. Les sapeurs-pompiers de la caserne Champerret interviennent vers 19h00, dans un hôtel particulier situé au 21, rue Le Sueur dans le 16ème arrondissement, pour un probable feu de cheminée. Alertés par des voisins se disant incommodés – depuis plusieurs jours – par une épaisse fumée noirâtre et des odeurs nauséabondes s’échappant de cette même cheminée, deux agents cyclistes – les fameuses hirondelles – se rendent sur place. Les gardiens de la paix constatent effectivement les dires du voisinage, mais se déclarent incompétents en la matière. Il faut impérativement appeler les pompiers, ce qu’ils font depuis la borne d’appel « police »[1] la plus proche. Puis, ils retournent surs les lieux. Après avoir sonné et appelé en vain, les « hirondelles » prennent contact avec la concierge du 23, l’immeuble voisin. Oui, elle connaît bien le propriétaire de cet hôtel particulier. Il s’agit d’un médecin, le docteur Petiot, un homme charmant, qui œuvre dans un cabinet médical situé au n° 66, de la rue Caumartin, près de la gare Saint-Lazare. Elle a même son téléphone professionnel : Pigalle 77-11 et le communique aux policiers. Contacté immédiatement, le docteur Petiot, demande de ne toucher à rien.

« J’arrive de suite. Juste le temps d’enfourcher mon vélo… » – dit-il.

Les pompiers arrivent très rapidement. Bien entendu, ils trouvent porte close. Une épaisse fumée et une puissante odeur acre se répandent effectivement dans tout le quartier. Cette odeur caractéristique, les pompiers la connaissent bien. C’est celle de la chair brûlée… Les deux policiers informent les pompiers que le propriétaire a pu être joint et qu’il arrive. Une demi-heure plus tard, la cheminée crache de plus en plus de fumée. Toujours pas de docteur Petiot en vue !

Ne pouvant attendre – sécurité oblige – ils fracturent une fenêtre et pénètrent dans cette grande maison bourgeoise. A l’intérieur l’odeur est insoutenable. Le ronflement d’une chaudière fonctionnant à plein régime guide les soldats du feu jusqu’à la cave. Une fois la porte du sous-sol poussée, énorme surprise !

En plus d’une grande chaudière, qui émet un ronflement digne de l’enfer, ils découvrent des membres provenant de corps humains. Ils sont prêts à être incinérés. Il y a, pêle-mêle sur le carrelage, un entassement de jambes, bras, troncs, crânes, etc. Une petite hache couverte de sang est posée près des débris humains. Après avoir enfin stoppé la chaudière, nouvelle découverte. Le vaste foyer de l’engin recèle un grand nombre d’ossements humains incomplètement calcinés. Un pompier remonte à l’étage, force la porte d’entrée, et déclare aux agents cyclistes :

–  Il y a du boulot pour vous au sous-sol. Mais accrochez vous bien !

Le brigadier Teyssier s’y rend. A la vue de carnage, il a comme un léger malaise. Les pompiers sont alors obligés de lui rendre quelques couleurs au moyen d’un verre de gnôle apporté par un voisin…

Braves agents…

Devant l’immeuble, un groupe de badauds est agglutiné. Soudain, fendant la foule, arrive un curieux cycliste. C’est un homme brun, de taille moyenne, âgé d’une quarantaine d’années. Il écarte les spectateurs d’un soir et, avec un bel aplomb, déclare aux policiers : Teyssier et Fillion, qu’il est le frère du propriétaire et que ce dernier arrivera dans quelques minutes. Puis, il sollicite l’autorisation de descendre pour mieux se rendre compte des dégâts, mais aussi pour récupérer un dossier à l’étage. L’homme se rend immédiatement à la cave suivi des deux gardiens de la paix. A la stupeur des intervenants, il manipule quelques membres ensanglantés, sans émotion apparente. Puis, ils remontent tous trois. Par la suite, aucun intervenant ne sera en mesure de dire si l’homme a effectivement fait main basse sur un quelconque dossier. Dans le hall d’entrée, l’homme au vélo prend les flics à part. 

  • « Etes-vous de bons français ? » demande t-il.

Réponse affirmative des deux agents. Difficile de dire le contraire. En admettant que ce ne fut pas le cas, depuis quelques temps déjà, le vent commence à tourner pour l’occupant, donc un sale temps s’annonce pour les collabos. Il est parfois des lendemains qui déchantent ! 

Alors, baissant le ton, l’homme déclare avec assurance :

« J’ai confiance en la police française. Ce que vous voyiez là… ce sont des cadavres de boches et de collabos. Je suis le chef d’un mouvement de résistance. Je fais appel à votre patriotisme, car ma propre vie et celles de tous les membres de mon groupe sont entre vos mains. Dans quelques mois la guerre sera finie. Nous tiendrons grand compte de votre bravoure. Vous avez ma parole ! »

Les deux agents – qui visiblement n’ont pas inventé la poudre – semblent éberlués par cette révélation. Ils n’ont guère le temps de se concerter.

Pris de court, ils ne cherchent même pas à le retenir. Le grand résistant enfourche à nouveau sa bicyclette et disparaît dans la nuit. Alerté, un équipage de la police-secours de l’arrondissement se rend à l’adresse indiquée. Se sentant impuissant face à une telle situation, le chef de car, avise immédiatement son service. D’autant, que les deux hirondelles (qui ne font pas toujours le bonheur…) lui ont conté leur rocambolesque aventure. Il doit trouver que cette affaire commence à sentir sérieusement le roussi, ce qui semble normal en ces lieux, et préfèrerait sans doute être ailleurs lorsque les autorités vont se pointer ! Surtout pas dans la peau de ses deux collègues cyclistes…

La Crim’ entre en scène

Peu après, le procureur de la République est sur les lieux. Il est accompagné du commissaire principal Georges Massu et de policiers de la Brigade criminelle (alors nommée Brigade spéciale), laquelle est officiellement chargée de l’enquête. Devant la spécificité de cette affaire, il est fait appel au docteur Paul, médecin-légiste de l’institut médico légal de Paris. Entre les membres qui ne n’ont pas été incinérés, les ossements et l’épais tapis de cendres découvert dans le foyer de la chaudière, ce praticien estime à environ vingt-six ou vingt-sept, le nombre des victimes se trouvant près de ce crématorium improvisé ! Lors des perquisitions en d’autres lieux, la Crim’ découvrira une cinquantaine de valises et 655 kilos d’objets personnels divers.  Au nombre des vêtements, figure une veste de pyjama d’enfant portant un nom et un prénom à l’intérieur du col. Il deviendra l’une des plus importantes pièces à conviction de l’affaire Petiot. En effet, ce pyjama sera formellement identifié au cours de l’enquête, comme étant celui d’un petit enfant juif nommé : René Kneller, lequel a brutalement disparu, quelques mois plutôt, en compagnie de ses parents… Dans une autre partie de ce sous-sol, les hommes de la criminelle vont découvrir l’impensable. Toute la surface de la cave a été complètement aménagée. Le couloir ferme au moyen d’une sorte de sas étanche. Au fond est installée une chambre à gaz miniature. C’est une étrange pièce triangulaire dont la porte est dotée d’un judas périscopique destiné à surveiller la lente agonie des victimes… Une autre pièce renferme une sorte de fosse surmontée d’un système de chaînes, poulies et crochets. Elle est remplie de chaux vive (environ 200 kg) et se destine à la dissolution de corps humains. Le reste de la maison ne semble pas habité. Toutes les pièces aux étages servent de dépotoir. Une multitude de vêtements et d’objets jonchent le sol.

L’heure des comptes a sonné ! Les deux « hirondelles » sont immédiatement entendus par leurs collègues du quai des Orfèvres. Le commissaire Massu est furieux. L’assassin se trouvait devant eux et ils l’ont volontairement laissé partir sur de vagues déclarations. Bien entendu, la situation est délicate. Impossible de masquer la vérité, cet épisode étant une part non négligeable de l’affaire. Mais il est également très risqué en cette période d’Occupation de mentionner – dans une procédure criminelle – que deux braves agents de la police française, sensés être aux ordres de Vichy – ont pris le parti de laisser fuir l’assassin au prétexte qu’il s’agissait d’un chef important de la résistance. Cela reviendrait à livrer ces deux collègues à la gestapo. Lorsque la situation l’exige, la police sait parfaitement laver son linge sale en famille. Le brigadier Teyssier sera très discrètement suspendu de ses fonctions.

Après la guerre, ce dernier sera réintégré à la préfecture de police avec un grade supérieur, en raison de l’esprit patriotique dont il a su faire preuve en cette occasion… En attendant, avec l’accord du Parquet de la Seine, les procès-verbaux relatifs à ce regrettable incident sont retirés provisoirement de la procédure. Il en sera fait à nouveau état – un peu plus tard – lorsque que l’occupant aura pris le chemin de l’Allemagne ou celui des camps de prisonniers et que cette belle ville de Vichy sera à nouveau connue en qualité de station thermale, réputée pour…la qualité de son eau !

Un certain docteur Petiot

Au quai des Orfèvres, la lourde machine judiciaire s’est mise en marche. L’occupant en titre de la rue Le Sueur est rapidement identifié. Il s’agit du nommé :

PETIOT, Marcel, André, Henri, Félix,

né le 17 janvier 1897 à Auxerre (Yonne)

docteur en médecine

Les policiers se rendent au 66, rue Caumartin, adresse qui est également le domicile officiel du docteur Petiot. Mais ce dernier a effectivement pris la fuite. Sa femme est interrogée par les hommes de la PJ, mais elle semble incapable de pouvoir dire où se trouve son mari. Il a appelé la veille en prétextant un accouchement difficile en province. Depuis, elle est sans aucune nouvelle de lui ! L’enquête de personnalité menée par les policiers de la brigade criminelle, laisse paraître un individu particulièrement dérangé. Il a manifesté, et ce, dès sa plus tendre enfance, un comportement sadique et violent. Ainsi, à l’âge ou d’autres adolescents se livrent à des jeux plus innocents, son passe-temps favori sera de tuer les chats. Notamment, il en a étranglé un avec du fil de fer, après lui avoir plongé les pattes dans une marmite d’eau bouillante. Ou encore, il utilise les chats comme cibles vivantes en s’entraînant au tir avec le revolver de son père. Durant toute son enfance, il n’a de cesse que de faire le mal autour de lui… Au grand désespoir de ses parents. Lorsqu’il ne torture pas les animaux, il frappe ses camarades de classe ou fait leur éducation sexuelle au moyen de photos pornographiques. Autre passe-temps tout aussi tordu, Petiot détourne du courrier dans les boîtes aux lettres au moyen d’un bâton enduit de glu. Lorsqu’il tombe, par pur hasard, sur des correspondances intimes d’amants et maîtresses, il se fait un plaisir de retourner le tout – lorsqu’il s’agit de gens mariés – aux infortunés conjoints. Bon nombre de ménages seront ainsi mis à mal grâce à Marcel Petiot ! Pris sur le fait par des gendarmes, il se retrouve devant le tribunal pour enfants. Vu son jeune âge, il s’en tire avec une admonestation d’usage. Par contre, il est définitivement renvoyé du lycée. Curieusement, au plan scolaire, c’est un bon élève. Ses professeurs lui accordent une intelligence bien au-dessus de la moyenne, mais entachée par une maturité précoce et un esprit vicieux. Un bon gamin, en somme !

Notre homme a grandi. Il a maintenant 20 ans. Bachelier, il s’oriente vers des études de médecine. Puis arrive la Première Guerre mondiale. Sans que rien ne l’y oblige, Marcel Petiot devance l’appel en 1916. Incorporé au 89ème régiment d’infanterie, il est envoyé sur le front de la Somme. En mai 1917,  il est blessé au pied droit par un éclat de grenade et se trouve rapatrié à l’arrière dans un hôpital de campagne. Dès sa convalescence achevée, il saura se rendre utile en mettant en pratique ses connaissances médicales, secondant alors le médecin major. Mais, son comportement est tel, qu’il est rapidement dirigé vers le centre d’aliénés mentaux de Fleury-les-Aubrais (Loiret). Il passe ensuite devant une commission de réforme, laquelle le renvoi à la vie civile avec un taux d’invalidité estimé à cent pour cent. Selon le rapport établi par les membres de cette commission, Marcel Petiot souffre de démence précoce contractée au combat. Au début de l’année 1918, il est définitivement réformé pour troubles mentaux et neurasthénie. Toutefois, bénéficiant de certaines facilités administratives réservées aux anciens combattants, il termine ses études en faculté de médecine. Petiot obtient son diplôme de praticien en 1922, avec une mention très bien à sa thèse de doctorat en médecine. A cette époque, il ne semblait donc pas nécessaire de jouir de toutes ses facultés mentales pour exercer la médecine[2] !

Médecin des pauvres, notable, mais escroc !

Fin 1922, Marcel Petiot ouvre un cabinet médical à Villeneuve-sur-Yonne (89), sa région natale. Il devient rapidement populaire. Offrant des consultations gratuites aux personnes indigentes, il est rapidement surnommé le « médecin des pauvres. » Puis, sa notoriété étant à son apogée, il se lance dans la politique. Conseiller municipal à Villeneuve-sur-Yonne, durant quelques années, Marcel Petiot brigue ensuite le poste de premier magistrat de cette ville. Aux municipales de 1925, il est élu maire. En 1927, il convole en justes noces et épouse Georgette Lablais, la fille d’un riche commerçant local. L’année suivante voit la naissance d’un enfant prénommé Gérard. Au moment du procès, son épouse dira qu’il fut un mari calme, prévenant et agréable en tout point. De plus, il fut aussi un excellent père pour le petit Gérard ! Pourtant, la pauvre femme ne pouvait ignorer certaines rumeurs persistantes. En 1926, soit l’année précédente de son mariage, Marcel Petiot a engagé une jeune bonne à tout faire (absolument tout dans le cas présent), une mignonne gamine nommée Louise Daveleau, que tout le monde surnomme Louisette. Bien entendu – en homme pratique – il en fait immédiatement sa maîtresse. Peu après, elle se trouve enceinte de ses œuvres. Ce bon Marcel ne désirant pas garder l’enfant, Louisette confiera à une amie que son amant va le faire passer, d’autant que cette grossesse est récente. Bien entendu, l’amie ne peut tenir sa langue. Cette confidence va faire très rapidement le tour de la ville, conférant au docteur Petiot une réputation d’avorteur.

Or, à cette époque l’interruption volontaire de grossesse est loin d’être légalisée et ce médecin risque la correctionnelle et sa radiation par l’ordre des médecins. D’autres potins du même genre ont déjà circulé dans Villeneuve-sur-Yonne. La rumeur disait alors que le docteur Petiot était souvent disposé à venir en aide aux femmes ayant des ennuis de cette sorte.

Mais en province, les racontars de ce type sont monnaie courante. Personne n’a accordé le moindre crédit à ces sornettes, y compris les autorités. D’autant, qu’il s’agit d’un notable, le premier magistrat de la commune. En cette qualité, il a logiquement des ennemis politiques potentiels ! Elément troublant, peu après avoir fait ces confidences à son amie, Louisette disparaît un beau matin. Personne ne la reverra. Lorsque les gens demandent de ses nouvelles, Petiot rétorque qu’elle est partie vivre à Paris avec un jeune homme dont elle est tombée amoureuse. « C’est de son âge », dit-il. Quelques temps après, le SRPJ de Dijon est saisi d’une étrange enquête décès. Le corps d’une jeune fille vient d’être repêché dans l’Yonne. L’acte criminel ne fait pourtant aucun doute, puisque la victime a été décapitée avant d’être jetée dans le fleuve. Elle ne sera jamais identifiée et aucun rapprochement ne sera fait entre ce cadavre décapité et la disparition troublante de la jeune bonne du docteur Petiot. Il est vrai que le mobile aurait semblé incompréhensible aux enquêteurs, puisqu’il suffisait à Petiot de la faire avorter pour en finir avec les rumeurs colportées. D’un autre côté, il n’en demeure pas moins vrai que Petiot vient de se lancer dans une carrière politique. Sa réputation du moment ne peut donc souffrir de la plus petite ombre sur sa vie personnelle. Il peut aussi s’agir d’une coïncidence. Comme nous le verrons, ce brave docteur Petiot sera également l’homme des coïncidences les plus étranges ! Ainsi, au mois de mars 1930, est découvert le corps à demi calciné de Madame Debauwe, gérante de la coopérative laitière de l’Yonne. Son assassin – non identifié – lui a fracturé le crâne de plusieurs coups de marteau, avant de mettre le feu aux bâtiments. Curieusement, cette femme que l’on dit intimement liée au docteur Petiot, venait d’encaisser la bagatelle de 280.000 francs, une somme rondelette pour l’époque. Un certain Frascot, gérant d’un petit bistrot, dira aux enquêteurs qu’il est absolument certain d’avoir aperçu Marcel Petiot sur les lieux, le soir de l’incendie. La police ne disposant alors que de fortes présomptions, avance donc sur la pointe des pieds. D’autant que l’enquête fait ressortir que ce témoignage ne peut être pris pour argent comptant, un contentieux ayant existé jadis entre les deux hommes. Quelques jours plus tard, encore une coïncidence. Alors que le nommé Frascot quitte le cabinet du docteur Petiot, où il est venu en consultation, il est foudroyé par une crise cardiaque. Ce décès intervient peu de temps après une injection intra musculaire destinée à le soulager de douleurs rhumatismales. Et savez-vous qui délivre alors le permis d’inhumer ?  Eh ! oui… c’est encore ce brave docteur Petiot, en sa qualité de médecin de l’état civil ! Le dossier relatif au crime de Madame Debauwe est donc classé, faute d’élément. D’autant, que le seul témoin – fragilité du témoignage sans doute – vient brutalement de rendre l’âme…

L’année 1931, voit la suite de son ascension sociale. Il est élu conseiller général de l’Yonne. Mais, parallèlement, certains travers de sa personnalité se font jour. En toute impunité, du moins, le pense t-il, Marcel Petiot se livre alors à des magouilles indignes de son rang : escroqueries au préjudice de la caisse des victimes de guerre, détournements de prestations payées par l’assistance médicale, détournements de fonds au préjudice de la municipalité. Le plus minime des faits qui lui seront reprochés concernera un vol d’électricité (branchement d’une dérivation pirate avant son compteur électrique. Le courant étant prélevé avant le compteur, il ne risquait guère d’être facturé.) Bien entendu, conseiller général ou pas, la justice lui demande alors de rendre des comptes.

Après un passage en correctionnelle, Petiot est condamné à plusieurs mois de prison, assortis d’un sursis, car il bénéficie d’une confusion des peines : la plus importante l’emportant sur les autres. Mais, le préfet de l’Yonne ne souhaite pas en rester là. Il adresse un rapport circonstancié au ministre de l’Intérieur. Le 9 septembre 1931, le conseiller général Marcel Petiot est révoqué de ses fonctions d’homme public. Il lui semble alors préférable de quitter Villeneuve-sur-Yonne. Curieusement, malgré les condamnations qui lui ont été infligées, Marcel Petiot parviendra à conserver son titre de docteur en médecine…

L’aventure parisienne

En 1933, nous le retrouvons à Paris. Marcel Petiot, à ouvert un cabinet médical. Il est situé au n° 66 de la rue Caumartin, dans les beaux quartiers de la capitale. A cette adresse – qui correspond à un bel hôtel particulier – le docteur a installé femme et enfant. Son cabinet professionnel occupe le premier étage. Les pièces situées au-dessus, sont ses appartements. Il se livre alors à une médecine que l’on peut qualifier de révolutionnaire, mais certainement très utopique. Tantôt médecin, tantôt guérisseur, il inonde les boîtes aux lettres du quartier avec le prospectus publicitaire suivant :

« Vous êtes prié de bien vouloir noter que le cabinet médical, tenu précédemment au premier étage, 66, rue Caumartin, sera désormais  occupé par le Dr Marcel Petiot, diplômé de la Faculté de Médecine de Paris en 1921, Conseiller général de l’Yonne, ex-interne de l’hôpital, directeur de clinique, médecin-chef de l’Office médical de la Seine. 

« Ce cabinet, en plein centre de Paris, vous offre toutes facilités d’accès (autobus, métro : stations Saint-Lazare et Caumartin). Il comporte les matériels des plus modernes et des plus perfectionnés, avec rayons X, UV, UR, et radiothérapie superficielle ou même profonde, laboratoire de galvanisation, ionisation, ergothérapie, diathérapie (toutes fréquences, ondes courtes à grande puissance, fièvre artificielle, bistouris électriques, outillage chirurgical, œnothérapie, aérothérapie, etc. »

« Le docteur Petiot fut le promoteur en 1921-1923 d’une technique parvenant à supprimer complètement les douleurs dans les accouchements, sans anesthésie générale ou régionale et sans instrument dangereux. Cette méthode permet la suppression de la douleur dans les affections les plus pénibles (sciatique, rhumatisme, névralgie, zona, névrite, ulcération, cancer).

« Auteur d’ouvrages originaux sur les maladies nerveuses et leurs traitements modernes (spécialement des affections à crises périodiques et cures de désintoxication). Créateur, avec un physicien connu, d’un matériel et d’une technique permettant la guérison de toute tumeur non généralisée ou affectant des organes vitaux (ganglions externes ou internes, loupes, lipomes, polypes, végétations, verrues, taches rouges, goitres, déformations, tatouages, cicatrices, etc. et même fibromes et tumeurs malignes ou cancers, même profonds).

« Le docteur Petiot vous sera parfaitement reconnaissant de bien noter dans vos annuaires, son adresse : 66, rue Caumartin Paris IXe, ainsi que son numéro de téléphone : PIG 77-11. »

En 1936, il est interpellé pour un vulgaire vol de livres, commis au préjudice de la librairie Joseph Gibert, boulevard Saint-Michel. Bien maigre larcin, certes, mais le problème est qu’il est déjà récidiviste et que son sursis risque fort de tomber.

Pour échapper aux foudres de la justice, Petiot n’hésite pas à jouer l’aliéné mental (ce qu’il devait certainement être à un certain degré, bien avant de sombrer dans la folie meurtrière). Le Parquet de la Seine, suivant les réquisitions du procureur, entérine un placement d’office. Ce bon docteur Petiot est alors interné à l’hospice psychiatrique d’Ivry-sur-Seine, dans la proche banlieue parisienne. C’est un établissement destiné aux malades réputés non dangereux. Son séjour sera de courte durée. Assez curieusement, son état mental s’améliore de jour en jour. A tel point, qu’il retrouve bientôt sa liberté… Comble de l’incompréhension, à peine sorti de l’asile, Petiot postule pour un poste de médecin de l’état civil à la mairie du 9ème arrondissement. Poste qu’il obtient le plus facilement du monde. De nouveaux des rumeurs circulent. D’importantes sommes auraient disparues après le passage à domicile de cet étrange médecin d’état civil, alors requis pour constater des décès !

En 1938, Marcel Petiot est poursuivi par les services fiscaux pour avoir omis de déclarer d’importantes sommes sur ses revenus acquis en 1934 et 1935. Alors qu’il a encaissé  – à cette époque – plus de 500.000 francs par an, Petiot en a déclaré à peine 30.000 ! Ce redressement fiscal fait certainement suite à une enquête menée par la direction des renseignements généraux parisiens. Les policiers ont eu vent du fait que le docteur Petiot se serait spécialisé dans les avortements clandestins et les ordonnances de complaisance destinées à se faire délivrer des produits stupéfiants classés au tableau B. Les faits n’ont jamais été établis en ce qui concerne ces deux soupçons. Il se dit également spécialiste des maladies vénériennes et seul médecin capable de guérir la syphilis, le fléau du moment ! A cet effet, il n’hésite pas à coller dans les toilettes publiques des petits papillons avec son numéro de téléphone. Sa clientèle s’étoffe de jour en jour. Le cabinet est plein du matin au soir. Marcel Petiot dispose déjà d’une petite fortune, bien qu’il semble – en apparence – se contenter de peu. Son train de vie est relativement aisé, mais nullement extravagant. En fait, Petiot investi dans la pierre : appartements, immeubles, maison de campagne, un placement stable. Quoi qu’il puisse arriver, il sera à l’abri du besoin. De plus, il est fort probable – comme le bruit a couru – que le docteur Petiot se soit livré au cours de cette même période à un trafic de stupéfiants ! Du reste, comme nous le verrons, sans la brutale disparition de témoins à charge, Petiot aurait été inculpé par la justice, une instruction étant alors ouverte à son encontre. De nos jours, le mystère demeure quant à l’immense fortune amassée en si peu de temps par ce brave docteur Satan, comme il sera surnommé plus tard !

L’antichambre de la mort

En mai 1941, alors que l’argent se fait rare, Petiot fait l’acquisition de l’hôtel particulier du 21, rue Le Sueur, pour la somme de 500.000 francs. En homme prévoyant, ce bien immobilier ne lui appartient pas officiellement. L’acte de vente a été rédigé au nom de son frère Maurice, lequel réside dans l’Yonne. Il se lance immédiatement dans d’importants travaux de transformation : surélévation du mur mitoyen, afin de masquer la vue depuis la cour, transformation des communs en cabinet médical, et aménagement complet de la cave en antichambre de la mort : mini chambre à gaz artisanale, mais totalement fonctionnelle, fosse en béton contenant de la chaux vive, etc.

Fou, certes, mais pas tant que cela, le docteur Petiot. En fait, l’enquête va mettre à jour un mobile des plus crapuleux. Dans le domaine de l’horreur, il semble difficile de pouvoir faire mieux…

Dès la fin de l’année 1941, le médecin propose à des personnes recherchées par la police allemande – principalement des résistants et des juifs fortunés – de les faire passer clandestinement en Argentine. Les candidats à l’exil devront se rendre de nuit à un rendez-vous fixé le plus souvent place de l ‘Etoile, avant de rejoindre l’hôtel particulier de la rue Le Sueur. Petiot exige que les candidats viennent avec une valise contenant des vêtements sans étiquette. Ils devront également prendre avec eux : bijoux, numéraires, argenterie et autres objets de valeur, car il ne saurait être question de « laisser cela aux boches (sic) ». De faux documents d’identité seront alors remis à chacun. Enfin, dans le but d’éviter les formalités de la quarantaine sanitaire, imposées par le gouvernement argentin, les candidats seront vaccinés avant le départ (il est facile d’imaginer la nature du sérum injecté…) Bien entendu, le cynique Marcel Petiot, alias « docteur Eugène », percevra un dédommagement pour chaque passage. Le tarif est du reste fluctuant, puisqu’il oscille entre 25000 et 100.000 francs, selon la tête du client, mais surtout selon ses moyens… Une participation au frais est normale, car il risque la déportation ou pire, alors qu’il offre généreusement – au péril de sa vie – la liberté à autrui… Voici certainement les grandes lignes du discours qu’il a tenu aux infortunés candidats à un dernier et ultime voyage !

Décembre 1941. La première victime sera un voisin de la rue Caumartin. Il se nomme Joachim Guschinow, c’est un commerçant en fourrures. Etant juif polonais et craignant la déportation, il n’hésite pas à confier à son brave docteur, qu’il aimerait bien pouvoir quitter la France rapidement. Il aurait entendu dire que Marcel Petiot est très bien placé au sein d’une filière d’évasion destinée aux personnes persécutées par les nazis. Bien entendu, le bon docteur accepte de l’aider. L’homme ne sait pas encore qu’il vient de s’engluer – de lui-même – dans la toile tissée par une redoutable araignée. Il sera dévoré par le monstre moins de deux mois plus tard !

– Prenez tout ce que vous avez de valeur, ce sera ça de moins pour les boches. Dans quelques semaines vous serez en Argentine et alors… à vous la belle vie ! – lui dit alors Petiot.

Février 1942. Joachim Guschinow, conformément aux instructions, se rend de nuit, au rendez-vous fixé par le « docteur Eugène. » Conformément aux instructions, il est porteur de quelques bagages contenant des vêtements non étiqueté. Un lot de diamants a été cousu dans la doublure de sa veste. La valeur marchande de ces pierres représente plus de deux millions de francs ! Une somme colossale pour l’époque. Avant de prendre sa décision, Guschinow en a parlé à des membres de sa famille. Le conseil qui lui fut donné sera de décliner cette offre, cette histoire d’évasion vers l’Argentine ne semblant pas très claire. Notre homme ne tiendra aucun compte de cette mise en garde. On ne le reverra jamais.

Quelques temps après, Jean van Brever, un drogué soupçonné d’avoir dénoncé Petiot aux renseignements généraux pour un trafic de stupéfiants, disparaît à son tour. Simple vengeance, cette fois, car le jeune homme est loin d’être fortuné.

Au moment où Marcel Petiot est soupçonné par la justice de se livrer à un trafic de drogue, il s’empresse de faire disparaître les témoins à charge les plus gênants : Jean van Brever, ainsi que deux femmes bien au fait de ses activités. Soit trois personnes d’un coup !

Marcel Petiot a bien vite réalisé tous les bénéfices qu’il pouvait tirer de l’Occupation allemande, surtout en ce qui concerne les juifs fortunés. Il ne risque pratiquement rien, car en cette période trouble ou bien des gens parviennent à fuir en zone libre, la disparition de familles juives, même aisées, devrait passer totalement inaperçue. D’autant, que le temps des rafles et des déportations massives est venu. Alors, autant en profiter et faire peser les soupçons sur les Allemands. A eux, personne, d’une quelconque administration française ne se risquerait à venir demander des comptes ! C’est au mois de juin 1942 que Marcel Petiot monte son pseudo réseau clandestin. Pour la circonstance, il devient le « docteur Eugène », chef du réseau de résistance « Fly-Tox ». Il ne manque pas d’humour macabre ce bon docteur, puisque « Fly-Tox », à cette époque, était une marque réputée d’insecticide. La réclame figurant sur les affiches prétendait : « Là où Fly-Tox passe, les insectes trépassent… »

La machine criminelle du docteur Petiot semble maintenant bien rodée. De nombreuses victimes passeront par la rue Le Sueur. Impossible d’en définir le nombre exact, car seul un petit nombre sera identifié : Paul Braunberger, toute la famille Kneller, soit : deux adultes et un enfant de 8 ans. C’est ce petit garçon qui sera identifié bien plus tard, grâce à l’étiquette oubliée sur sa veste de pyjama. En janvier 1943, Petiot pousse la vapeur au maximum : quatre couples, les familles Basch, Woolf, Stevens et Anspach se volatilisent après un bref passage dans l’hôtel particulier du  docteur Eugène Fly-Tox… Ce commerce – au combien abject – semble prospère. Ce bon « docteur Eugène », recrute très rapidement une équipe de rabatteurs. Et pas la crème, bien entendu. Il est vrai que pour se livrer à un trafic aussi immonde, il est préférable de s’asseoir quelque peu sur la morale ou de ne pas en avoir du tout. Les auxiliaires de Petiot sont des malfrats bien connus : proxénètes, prostituées, casseurs, escrocs, etc. Certains collaborent également avec la gestapo française, la fameuse « Carlingue »[3], composée de pratiquement tous les déchets humains engendrés par l’Occupation et ses combines nauséabondes. Du reste, il est maintenant certain que quelques truands « gestapistes » ont également terminé leur vie dans les sous-sols de la rue Lesueur. Trop bavards, ils auraient présenté un danger pour Petiot. Alliés ou pas, le bon docteur n’a pas pour habitude de faire dans la dentelle ! Au nombre des auxiliaires de Petiot, une femme nommée Eryane Kahan, maîtresse d’un officier allemand. Bien que juive elle-même, elle aurait servi de rabatteuse pour attirer des coreligionnaires dans le piège tendu par le docteur Petiot. Il sera notamment mis à son actif, la disparition de huit familles juives venues des Pays-Bas. Entendu lors du procès, elle niera avec un bel aplomb, arguant du fait qu’elle croyait – au contraire – venir en aide à ses coreligionnaires en les introduisant dans cette filière d’évasion. Elle aurait été abusée par le docteur Petiot. Pour elle, tous ces gens étaient destinés à prendre le chemin de l’Argentine. Elle ignorait, du reste, que la cave était aménagée en antichambre de la mort.

Petiot  et la Gestapo

Mars 1943. La Gestapo[4] – qui a eu vent de son pseudo réseau d’exfiltration – décide de tendre un piège au « docteur Eugène », lequel a été balancé aux Allemands comme en étant l’un des chefs. Un mouton est extrait du centre de transit de Compiègne. Il se nomme Yvan Dreyfus. C’est un jeune industriel à qui les Allemands ont mis le marché en main. Sa mission est d’infiltrer le réseau du docteur Eugène afin qu’il soit démantelé ultérieurement par la police allemande. C’est cela ou le camp d’extermination dans les plus brefs délais. Il n’est pas exclu également que cet homme – en acceptant le marché – puisse avoir eu l’idée de fuir réellement en Argentine, grâce à ce réseau, faisant ainsi un superbe pied de nez aux Allemands… En passant par deux des rabatteurs de Petiot, Yvan Dreyfus parvient remonter rapidement la filière. Il est présenté au fameux docteur Eugène. Peu après, il disparaît dans les caves de la rue Le Sueur. A t-il révélé à Petiot son véritable rôle et son désir d’utiliser la filière d’évasion ? Quoi qu’il en soit, la Gestapo est furieuse d’avoir perdu sa taupe, mais elle dispose maintenant de tous les éléments nécessaires. Le 21 mai suivant, Marcel Petiot est arrêté par les hommes du redoutable Helmut Berger, officier SS chargé des mouvements terroristes en France. Conduit rue des Saussaies, il commence par être torturé durant près d’une semaine. Il est ensuite interné à la prison de Fresnes. Durant huit mois, Petiot est régulièrement extrait de sa cellule pour être interrogé par la police allemande. Il a ainsi droit à quelques séances de baignoire, nullement dans un but sanitaire… Mais c’est un coriace. Même sous la torture, il n’avoue rien ! La Gestapo qui ne connaît rien de ses réelles activités occultes, cherche simplement à démanteler un réseau de terroristes. Elle ignore avoir entre les mains, l’un des plus grands criminels de l’histoire. Cet épisode pour le moins marquant fera la future légende de Petiot : un grand résistant ayant tenu tête aux allemands durant toute sa détention. Curieusement, il est libéré le 8 février 1944. Cette libération a de quoi surprendre, car les Allemands n’ont guère pour habitude de remettre de pseudos résistants en liberté. En général, ces derniers sont passés par les armes ou déportés vers un camp d’extermination. En fait, cette libération, Petiot semble la devoir à un certain Paul Clavié, membre de la Gestapo française de la rue Lauriston, âme damnée du sinistre Henri Laffont, grand patron de ce panier aux crabes. Atteint de syphilis avant guerre, Clavié est persuadé que le docteur Petiot – grâce à un efficace traitement – lui a sauvé la vie. Il demande donc à Laffont d’intervenir auprès des Allemands en faveur de son ami Petiot. Une fois libre, Marcel Petiot se met au vert. Il se repose un petit mois dans l’Yonne. Il revient ensuite à Paris, bien décidé à faire disparaître les preuves de ses abominables forfaits. Pour cela, il doit incinérer tous les corps accumulés avant son arrestation. Une fois ce travail terminé, l’installation sera démontée, ce qui explique son empressement à remplir la chaudière. En fait, les restes post-mortem de ses victimes n’ont pas toujours été brûlés. Le voisinage se souviendra des nombreuses sorties nocturnes du docteur Petiot, avec sa bicyclette à l’arrière de laquelle était attelée une remorque bâchée. Curieusement, cette période correspond à celle où de nombreux cadavres dépecés furent retrouvés dans les buissons du bois de Boulogne ou jetés dans la Seine vers le pont de Neuilly, soit à quelques kilomètres seulement de la rue Le Sueur !

Mais nous connaissons la suite et il n’aura pas le temps de faire son grand ménage. Le 11 mars 1944, il y a cet appel téléphonique l’informant qu’un incendie vient de se produire dans sa maison. Une véritable tuile pour Marcel Petiot. En arrivant, il aperçoit un attroupement devant la porte : badauds, pompiers, mais également deux policiers. En un instant, Petiot, constate certainement que les carottes sont cuites. Il devrait fuir au plus vite avant d’être à nouveau arrêté. Mais, aussi incompréhensible que cela puisse paraître, il n’en fait rien. Le goût du jeu, très développé chez Petiot, semble prendre le dessus. Alors qu’il a la possibilité de remonter sur sa bicyclette et s’éloigner tranquillement du danger, il provoque le destin en se présentant de lui-même aux policiers. Force est de constater que ce même destin lui sera favorable. Devenu en quelques secondes – grâce à son incroyable sang froid – un membre important de la lutte clandestine, des agents de police vont faciliter la fuite de l’un des plus grands criminels de ce siècle…

La traque du docteur Satan

Après l’arrestation manquée de la rue Le Sueur, la Crim’ se démène. Mais Petiot semble s’être évaporé dans la nature. Aucune trace non plus de son épouse et de son fils. Cette dernière sera cependant interpellée quelques mois plus tard. Dans diverses habitations appartenant à Marcel Petiot, tant à Paris que dans l’Yonne, la police judiciaire récupère une cinquantaine de valises. C’est une partie des bagages ayant appartenu aux victimes. Ces valises renferment des vêtements, des sacs à main, des chaussures, etc. Les enquêteurs vont tenter d’attribuer un nom à chacun de ces objets, mais la chose s’avère difficile, voire impossible. L’enquête continue malgré tout. En attendant de pouvoir passer les menottes au « docteur Satan », comme la presse le nomme maintenant, les policiers de la criminelle accumulent patiemment les preuves. La procédure commence à atteindre un impressionnant volume, mais Marcel Petiot reste introuvable !

Nous sommes maintenant le 20 août 1944. Depuis la veille la préfecture de police de Paris est en proie à une insurrection sans précédent. Les policiers – à la demande du front national police et d’autres organes de la résistance – ont pris les armes et luttent contre l’occupant nazi. Très rapidement, les combats pour la libération de Paris vont s’étendre à plusieurs quartiers de la capitale, dont la place de la République. Les F.F.I. tentent d’y réduire la garnison allemande de la caserne Prinz Eugène (anciennement occupée par la Garde républicaine). Les combats sont violents. Solidement retranchées, les troupes allemandes arrosent la place de la République au moyen de plusieurs mitrailleuses MG 42 et des canons sans recul. Les résistants des forces françaises de l’intérieur, dirigés par le lieutenant Rollet, sont massés derrière de solides barricades. Mais, cloués au sol par des tirs d’armes automatiques, ils subissent des pertes assez importantes. Un homme brun, de taille moyenne, mal habillé et portant une barbe de plusieurs jours, se présente devant l’officier.  Au lieutenant Rollet, il déclare :

« Je ne peux pas vous dire mon nom, pourtant vous me connaissez… Tout le monde me connaît. Si je vous le disais, vous seriez effrayé. Je veux me battre… »

L’heure n’est plus à faire la fine bouche en ce qui concerne le recrutement, d’autant que les volontaires pour se rendre au casse-pipe ne se bousculent pas… L’homme est immédiatement intégré au groupe des milices patriotiques du 10ème arrondissement, sous le nom d’emprunt de Henri Valéry. Pour faire le coup de feu contre l’occupant, on lui donne un fusil et des munitions. Aux dires des autres combattants, l’inconnu se battra courageusement durant plusieurs jours. La garnison allemande se rend le 25 août 1944, suite aux assauts menés par les F.F.I. et les chars de la 2ème D.B. (la division Leclerc.)

Environ 10 jours plus tard – alors que les armes se sont enfin tues – le résistant Henri Valéry se présente au bureau de recrutement de la 1ère région militaire. Il y signe un engagement sous le nom de Henry Wetterwald [5], alias Henri Valéry. Sur la base de son passé d’ancien combattant, de grand résistant et de sa qualité de médecin, Marcel Petiot – car il s’agit bien de lui – est incorporé avec le grade de capitaine-enquêteur. Il est affecté à la Sécurité militaire, caserne de Reuilly. Ayant le titre de commissaire instructeur d’une commission d’épuration, il dispose d’un grand bureau, d’une Citroën traction avant et d’une secrétaire. Peu après, alors que toutes les forces de police et de gendarmerie le recherche, le service que dirige Petiot est renforcé par trois inspecteurs de police détachés par le ministère de l’Intérieur. Cherchez l’erreur ! Une question se pose alors. Comment un individu comme Petiot, activement recherché, a t-il pu trouver refuge au sein de l’armée ? Certes, dans l’immédiat après-guerre, les services chargés du renseignement sont totalement désorganisés et la communication interministérielle quasi inexistante. Mais la ficelle semble un peu grosse. En fait, il semblerait que le docteur Petiot puisse avoir été très rapidement identifié par le service de sécurité de la DGER. Mais, comme elle pense que les faits qui lui sont reprochés sont des actes de résistance, l’autorité militaire le couvre plus ou moins ; pensant qu’il s’agit d’un authentique patriote lequel sera rapidement blanchi par la justice. Le 19 septembre 1944, un journaliste va – sans le savoir – mettre un coup de pied dans la fourmilière. Il publie un article intitulé : « Petiot, soldat du Reich ». Le mois suivant, le journal « Résistance » publie à son tour un droit de réponse. Il émane du docteur Petiot en personne, lequel n’apprécie pas que l’on puisse l’accuser de collaboration avec l’occupant. Lui, un authentique grand résistant, qui fut arrêté, torturé et emprisonné par la Gestapo, ne peut supporter un tel camouflet !

Pour la brigade criminelle, la piste est d’importance. Il ne fait plus aucun doute que Petiot a trouvé refuge auprès de la résistance parisienne. L’enquête se dirige donc dans cette direction. Les inspecteurs de la criminelle vont éplucher dans le détail tous les dossiers des membres se réclamant de la résistance. Ils feront, du reste, des découvertes surprenantes, comme ces collabos notoires, devenus résistants de la dernière heure.

En comparant, les écritures figurant dans les dossiers, ils tombent sur une lettre manuscrite comportant l’écriture bien particulière du docteur Petiot. L’expertise graphologique est formelle, c’est bien notre homme. Comble de l’ironie, le tueur le plus recherché de France, mène au grand jour des missions de police. Son rôle est de traquer les ex-collabos et de les déférer devant la justice. Il s’en acquitte du reste fort bien ! S’agissant d’un officier d’active, car Petiot a signé un contrat d’engagement. Un mandat d’arrêt est transmis à la D.G.E.R. [6]

Le 31 octobre 1944, quatre hommes de la D.G.E.R. – sous les ordres du capitaine Simonin[7] –  procèdent à l’interpellation de Marcel Petiot. La scène a pour cadre les escaliers de la station de métro « Saint-Mandé -Tourelles.» L’arrestation se déroule en douceur. Avant d’avoir eu le temps de réaliser qu’il était f »ait aux pattes », le « docteur Satan » est menotté et couché au sol. L’inventaire de ses poches permet la découverte des objets suivants : un pistolet semi-automatique P.38 en calibre 9 mm, une carte des milices patriotiques, une carte de l’association France-URSS, une carte du parti communiste français, des documents d’identité au nom de Valéry, Wetterwald, Gilbert, Frutos, et Cacheux. Les officiers doivent être grassement payés à la sécurité militaire, puisque l’on découvre également la somme de trente et un mille francs dans une poche de sa gabardine ! Marcel Petiot est conduit au 36, quai des Orfèvres. Conformément aux instructions du Parquet, il est mis à disposition de la brigade criminelle, avant d’être présenté au magistrat instructeur, M. Mariotte. Un homme serait certainement heureux de voir Petiot en ces lieux, c’est le commissaire principal Georges Massu. Malheureusement, ce patron de la criminelle a été arrêté le 20 août 1944, sur la base de vagues soupçons de collaboration, ragots sans aucun fondement, puisque l’avenir prouvera qu’il s’agissait d’une basse vengeance. Suspendu de ses fonctions, il est actuellement emprisonné à Fresnes. Après quelques mois d’un internement abusif, il retrouvera enfin sa liberté et son emploi. Finalement, comme nous l’avons évoqué, la Commission d’épuration de la préfecture de police n’aura rien à lui reprocher en ce qui concerne sa conduite durant l’Occupation. Elle reconnaîtra son erreur, mais il sera un peu tard !

En attendant, la poursuite de l’affaire Petiot est confiée au commissaire Pinault, nouveau chef de la Crim’. Durant près d’une année, le docteur Satan est régulièrement extrait de sa cellule de la prison de la Santé, pour être entendu au quai des Orfèvres ou au cabinet du magistrat instructeur. Son système de défense demeure toujours le même : il est accusé injustement. Ce qu’il a fait, l’a été dans le cadre de la résistance. Un point c’est tout… Durant sa détention, Petiot se lance dans la littérature. Il publie un livre à compte d’auteur. Cet ouvrage, qui traite des martingales, a pour titre : « Le hasard vaincu ». Ceux qui ont un temps caressé l’espoir d’y découvrir des révélations en furent pour leurs frais. Le livre écrit par le docteur Petiot est uniquement consacré aux jeux de hasard…

Justice divine

Son procès se déroule du 18 mars au 4 avril 1946. Mais le docteur Petiot réserve encore quelques surprises. Alors qu’il est jugé par la Cour d’Assises de la Seine pour vingt-sept assassinats, il en revendique soixante-trois… Comme il n’en est pas à une entourloupe près, il affirme, en sa qualité de grand résistant, qu’il s’agit de soixante-trois cadavres de collaborateurs de la gestapo française et de soldats allemands exécutés par le réseau « Fly-Tox ». Il semble avoir réponse à tout :

  • Personne n’a entendu parler de ce réseau ? C’est normal, puisqu’il était secret…
  • C’était la guerre. Il est logique qu’il puisse avoir été obligé de tuer pour la patrie….
  • Il n’a pas agit comme un criminel de droit commun ! Non, juste comme un soldat combattant pour sa patrie et sans aucun état d’âme…

Il reconnaît, toutefois, dix-huit des vingt-sept meurtres qui lui sont impliqués. Il maintient qu’il s’agit de collabos, mouchards à la solde des Allemands ou de membres de la gestapo française. Il a donc rendu un immense service à la patrie en trucidant ces traîtres ! Les magistrats sont éberlués. Pour un peu, l’accusé solliciterait depuis son box, l’attribution de la médaille militaire et de la Légion d’honneur ! Cependant, les preuves sont accablantes. Magistrats et jurés ne se laissent pas entraîner dans ce délire verbal destiné à semer le doute dans les esprits. Parfois, sortant d’une période d’apathie, Petiot se montre vindicatif envers les magistrats ou les témoins. A un moment, il se dresse dans le box des accusés. Le visage totalement déformé par la colère, le regard fou. Le pointant du doigt, il s’en prend à un avocat de la partie civile et lui crie :

– Vous n’êtes que le défenseur de la juiverie internationale. Vous ne méritez pas de vivre !

Tiens donc ! Ce bon docteur, humaniste et grand résistant, serait-il finalement un antisémite pur et dur ? Même son défenseur, maître René Floriot, ténor du barreau, pourtant  habitué au pire, est surpris d’une telle audace. Malgré une magnifique plaidoirie de ce brillant avocat – elle durera plus de six heures –  Marcel Petiot est finalement condamné à la peine capitale. Chose logique, les jurés ne lui ont accordé aucune circonstance atténuante. Contrairement aux deux gardiens de la paix de la rue Le Sueur, la justice n’a pas gobé ses beaux discours patriotiques. Il est condamné à mort pour vingt-quatre meurtres. Cette fois, le docteur Satan a joué trop gros. Il a définitivement perdu la partie. Echec et mat !

Le couperet tombe

Le 25 mai 1946 à l’aube. La guillotine a été assemblée dans la cour de la prison de la Santé durant la nuit par l’exécuteur des hautes œuvres : Jules-Henri Desfourneaux. Il est assisté par deux aides, dont André Obrecht, lequel lui succèdera, devenant ainsi l’avant dernier bourreau de la République.

Lorsque le cortège habituel se présente à 5h00, pour lui annoncer que son recours en grâce est refusé et qu’il faut se montrer courageux, Marcel Petiot rétorque à l’avocat général Dupin :

– Et moi, je t’emmerde… 

Il refuse l’intervention de l’aumônier de la prison. Petiot s’excuse auprès de maître Floriot pour l’avoir sorti du lit de si bon matin. Ensuite, le col de sa chemise est grossièrement découpé au moyen de longs ciseaux. Puis, vient le rituel de la cigarette et du verre de rhum. Il accepte la cigarette, mais refuse l’alcool. Il déclare, du reste :

– Merci, ni messe, ni alcool… 

Puis, regardant l’aumonier de la prison, il déclare :

– Soutenez M. l’avocat général Dupin, il ne se sent pas très bien ! Il est tout pâle… 

Peu après, il est solidement entravé et porté dans la cour – comme un vulgaire colis – par les aides du bourreau. Face à la « Veuve »[8], il ne semble nullement impressionné. Il dit simplement :

  • Ça ne va pas être beau. Ayez du courage ! 

Contrairement à la plupart des condamnés à mort, il ne marque aucune hésitation en voyant cette terrible machine. Le bourreau est du reste assez surpris d’une telle désinvolture. En 42 ans de métier et près de 250 exécutions capitales, il a rarement vu cela… Suivant le protocole, le juge d’instruction lui demande – juste avant de gravir les marches de l’échafaud – s’il a quelque chose à déclarer. A t-il copié Landru en ces derniers instants ? Sa réponse sera la suivante :

Je suis un voyageur qui emporte ses bagages… 

Il est maintenant 5h07. Tout va très vite. Petiot est sanglé sur la planche basculante. André Obrecht, après lui avoir tiré la tête en avant – pour bien dégager le cou – referme la lucarne sur sa nuque. Le bourreau abaisse alors le levier latéral. Le couperet biseauté coulisse rapidement dans ses montants entraîné par le poids du mouton. Un claquement sec résonne contre les murs de la prison. Le couperet repose maintenant contre la lucarne. Proprement détachée du corps, la tête de Marcel Petiot tombe dans le panier en osier. C’est fini ! Le docteur Satan vient de rendre son âme au diable. Le corps du supplicié est ensuite allongé sur le dos dans un cercueil en sapin. Selon le protocole, sa tête repose entre ses jambes. De rares témoins diront – pour avoir vu cette tête tranchée – qu’elle conservait encore un sourire au coin des lèvres !

Dans ses mémoires, le docteur Paul relatera l’exécution de Marcel Petiot en ces termes :

– Pour la première fois de ma vie, je voyais un homme aller à la mort avec un naturel parfait. Ceux qui vont être exécutés font tout pour montrer du courage que l’on sent crispé, fabriqué. Petiot marchait avec aisance comme s’il se rendait à son cabinet pour une consultation de routine ! 

Vous avez-dit : bizarre ?

Cette affaire soulève encore de nos jours une foule d’interrogations. Il faut dire qu’il est bien difficile de pouvoir démêler l’écheveau. Petiot, en grand stratège, a su habilement incorporer à ses mensonges un tas d’éléments véridiques. Cela conduit immanquablement au doute. En dehors de ces malheureuses victimes que le monstre a froidement exécutées dans un but purement mercantile et dont les faits sont avérés, se pose la question des vingt-sept cadavres découverts par les pompiers lors du début d’incendie de l’immeuble de la rue Le Sueur. En effet, entre le 21 mai 1943 et le 8 février 1944, le docteur Petiot se trouve être détenu à Fresnes sur ordre des autorités allemandes. Durant ces huit mois d’internement, il n’a donc pas eu la possibilité de poursuivre son œuvre de mort. Or, pour les vingt-sept corps découpés qui seront découverts le 11 mars 1944, le docteur Paul – médecin légiste de réputation mondiale – sera formel : la mort remonte au plus à quelques mois. Il demeure donc peu probable que ces corps en putréfaction puissent être restés plus longtemps en ces lieux sans que l’abominable odeur – qui se dégage immanquablement du charnier – ne parvienne aux narines des plus proches voisins. Cette odeur de cadavres en décomposition, nous pouvons dire – pour bien la connaître – qu’elle est des plus tenaces et présente une fâcheuse tendance à se propager insidieusement. Le simple fait d’avoir été à son contact durant le temps des constatations, suffit généralement pour en imprégner profondément les vêtements et des effluves sont encore perceptibles plusieurs jours après. Situation vécue !

Certes, le séjour des chairs dans la chaux vive compliquera considérablement l’expertise. Mais le praticien estime que pour certains corps, la mort remonte à seulement quelques mois. Après son arrestation, Petiot dira avoir découvert ce nouveau charnier quelques jours seulement avant l’incendie, en regagnant l’hôtel particulier de la rue Le Sueur et après des mois d’absence. Or, entre sa libération de la prison de Fresnes et son retour à Paris, le docteur Petiot se trouvait bien dans l’une de ses demeures de l’Yonne. La chose sera confirmée par des témoignages. Alors, qui a pu utiliser à son insu l’installation de la rue Le Sueur ? Certains confrères se sont penchés avant nous sur le problème, sans pour autant en avoir trouvé la solution. N’ayant pas la prétention d’être plus malin, nos donnons volontiers notre langue au chat. Faute de pouvoir l’offrir à la maîtresse de ce même chat !

Pour le cas ou ces crimes ne seraient pas directement imputables à Petiot, l’hypothèse la plus probable serait que la « maison du diable » puisse avoir été utilisée en son absence par l’une des nombreuses officines de la Gestapo française. Lorsque l’on connaît les méthodes employées par les malfrats de la « Carlingue » et le fait que ses membres opéraient plus pour leur propre compte que pour celui des Allemands, rien n’est alors impossible !

D’autant que toutes ces officines pro-allemandes sont très proches de la rue Le Sueur : rue Lauriston, avenue Foch, rue de la Pompe, avenue Henri-Martin. Sachant Petiot à Fresnes pour une durée indéterminée, il était alors facile aux gestapistes de faire une copie des clés de la maison et d’utiliser cette dernière pour faire disparaître les éléments de leurs crimes crapuleux. Cette maison, ils la connaissaient obligatoirement, puisque Petiot avait eu quelques rabatteurs au sein de la gestapo française. Etrange également, ces témoignages de proches voisins disant avoir remarqué des mouvements nocturnes dans cet hôtel particulier, alors que son propriétaire se trouvait emprisonné…

Autre piste éventuelle. Marcel Petiot était affilié au parti communiste français. Il a été prouvé qu’il entretenait des liens assez étroits avec les F.T.P. (Francs Tireurs Partisans) dont les actions violentes contre l’occupant nazi furent nombreuses entre 1941 et 1944. Les F.T.P. formaient alors une véritable armée secrète, disciplinée et remarquablement structurée. Elle disposait, en outre, de filières d’évasion, via l’Espagne, notamment.

Et si Petiot, pour une fois, avait révélé une parcelle de vérité ? Si les vingt-sept derniers corps découverts étaient bien ceux de soldats allemands et collaborateurs, non pas exécutés par ses soins, mais par la résistance. La vraie, cette fois ?

Certes, cela ne change rien ou presque à l’affaire Petiot. Un trop grand nombre de pauvres gens ont trouvé la mort dans l’antichambre du docteur Satan pour des mobiles crapuleux. Contrairement à ce que clamait si fort le docteur Petiot lors de son procès, il fut bel et bien un criminel de droit commun et en aucun cas un politique. Il fut même certainement l’un des plus grands criminels de l’époque contemporaine !

Autre interrogation. Elle concerne la fortune accumulée par Petiot durant ces sombres années. Selon les estimations officielles, elle devait être considérable. Or, rien de ce malhonnête trésor ne sera jamais retrouvé.

Où est donc passé l’argent sale du docteur Satan ?

Michel Malherbe
Écrivain-Historien
Sociétaire des Gens de Lettres

Texte Michel Malherbe, extrait d’un ouvrage en préparation : « Les flammes du Docteur Satan ».
Clichés : collection de l’auteur, ST/PP et Wikipédia.

DROITS RÉSERVÉS


[1] A partir de 1928, les parisiens disposeront de bornes d’appel (nommées avertisseurs) implantées aux carrefours les plus importants, à raison d’une borne tous les 400 mètres. Pour appeler la police (bornes noires et blanches) ou les pompiers (bornes rouges), il suffisait alors de briser une petite glace se trouvant au niveau du visage pour être immédiatement diriger vers le service de secours le plus proche. Le dialogue s’établissait automatiquement grâce à des micros et des haut-parleurs internes. Afin de pas briser inutilement ces glaces, policiers et pompiers étaient dotés d’une longue clé noire permettant d’ouvrir le haut de la borne et d’utiliser le combiné téléphonique se trouvant à l’intérieur. Les derniers avertisseurs « police » seront retirés vers 1975.

[2] Pardon docteur ! Toutes mes excuses pour ce lapsus bien involontaire…

[3]  – La Carlingue : surnom donné à la gestapo française de la rue Lauriston, composée principalement de truands en rupture de ban, et dont les nombreuses exactions sont aujourd’hui notoirement connues. En malfrats consommés, ils agissaient plus pour leur propre compte que pour celui des Allemands ! Ses membres – pour la plupart d’entre eux – seront passés par les armes après la Seconde Guerre mondiale.

[4] Gestapo (Geheime Stadt Polizei). Cette police secrète d’Etat, était fort bien implantée dans les territoires occupés. Son rôle fut exclusivement répressif et ses membres réputés pour leur extrême cruauté…

[5] Ayant eu vent qu’un confrère nommé Henry Wetterwald était prisonnier en Allemagne, le docteur Petiot s’était fait remettre par sa mère tous les documents d’identité du déporté. Nous ignorons quelle fable Petiot a pu raconter à cette pauvre femme pour qu’elle accepte de confier à un inconnu les papiers de son fils…

[6] – La DGER : Direction générale d’études et de recherches, représentait les services spéciaux français d’après guerre. Ce fut l’ancêtre de notre actuelle D.G.S.E. Elle dépendait alors du ministère de la guerre.

[7] Le capitaine Simonin aura à connaître – un peu plus tard – les foudres de la justice. Son passé de collaborateur de la Gestapo venant brutalement de refaire surface. De traqueur il deviendra gibier !

[8]  – Surnom donné à la guillotine, en raison des nombreuses veuves que cette machine a engendré…

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Michel Malherbe

Aujourd’hui retraité, cet écrivain, sociétaire des gens de lettres de France, consacre une grande partie de son temps à la recherche historique, notamment celle des « serial killer » de la Belle-Epoque, mais aussi à des investigations portant sur des affaires criminelles plus contemporaines. A ce titre, il collabore à de nombreuses émissions télévisées et productions cinématographiques.

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